NOVEMBRE 2042

Ces Trente années qui ont tout changé


Nous pensons qu’il est possible aujourd’hui de tenter une histoire brève de l’écologie.

 

En quelques décennies, cette démarche a modifié profondément l’ensemble de nos comportements et de nos manières de penser la vie.

 

Pour certains, l’écologie aurait surgi comme un concept de « trouille » généralisée : conscience qu’un siècle de prouesses technologiques était parvenu à « abîmer » la terre et à accélérer le réchauffement de la planète ; pour d’autres, cela a été le commencement d’une nouvelle civilisation et la démonstration qu’une « société ne se pose que les problèmes qu’elle peut résoudre ».

 

Que de changements en trente ans !

 

Au tout début du millénaire, un ensemble de problèmes semblait insurmontables :

 

-          les déficits structurels des systèmes de santé,

-          l’échec des logiques scolaires et plus globalement l’échec et l’injustice des organisations sociales et économiques,

-          la disparition de plus en plus conséquente d’espèces animales, végétales…

-          l’augmentation de la longévité et du vieillissement

 

Il  ne s’agit pas d’établir une liste exhaustive, néanmoins, il  ne faut pas oublier ce que nous appelons aujourd’hui des pathologies-frontières, dans le sens où elles débordaient le domaine médical tel que nous l’entendions dans le passé – Alzheimer, syndrome de poids excessif, HTA, etc. -

 

Comment le développement de l’écologie a-t-il pu apporter sur tous ces points des réponses efficaces, décisives ?

Essentiellement par la promotion d’un  nouveau type de raisonnement, l’A.A.V. - « l’Approche Analogique du Vivant »-.

 

Jusqu’à la fin du second millénaire, la pensée analytique a constitué l’outil exclusif de compréhension et d’organisation du réel. Elle procédait par abstraction et cloisonnement. Sa réussite, ses résultats furent indéniables et c’est ainsi, qu’inondés d’intelligence, nous avons fini par polluer la planète ; bref, nous n’avons cessé de toucher à plus grand que nous !

 

L’école  de l’époque était le prototype de cette  pensée : des secteurs de savoirs parfaitement étanches, sans aucune passerelle : ce que l’on apprenait en histoire n’avait aucun lien avec la philosophie, ce que l’on apprenait en philosophie n’avait aucune relation avec la science, etc.

 

Ce cloisonnement se retrouvait dans la dissociation du corps et du mental ; le premier, traité comme une machine, s’exprimait essentiellement dans les démarches sportives.

 

Si l’écologie a tout changé, c’est parce qu’elle a proposé une unité primordiale, fondamentale : le Ciel, la Terre et l’ensemble des Vivants, en harmonisation constante.

A partir de cette unité, il devenait possible de dégager des Principes susceptibles de passer les frontières de tous les secteurs jusque là isolés ; c’était la fin du cloisonnement du vivant.

 

Les principes concernés étaient ceux du respect, de la responsabilité.

 

Ces mots n’étaient pas nouveaux mais le plus souvent liés au domaine moral ou religieux. C’est ainsi qu’au tout début, nous n’avons pas trop réalisé leur aspect novateur, révolutionnaire. Il suffit de revisiter les médias de l’époque pour voir qu’il y a eu un moment où l’on a cru qu’un ensemble de mesures plus ou moins cœrcitives permettrait d’améliorer la situation : gestion plus rationnelle de la consommation,  recyclage des déchets, limitation de l’emploi des matières premières ….

 

La question de la santé a sans doute joué un rôle important dans le changement profond des mentalités.

Au départ, il s’agissait d’un problème financier, économique : le déficit récidivant des systèmes sociaux. Tout avait été essayé et tout avait échoué : les limitations des remboursements, les franchises, le contrôle des actes médicaux, des laboratoires pharmaceutiques…

 

Ce que l’on peut constater, c’est qu’une  nouvelle attitude a fini par apparaître, liée à une interrogation essentielle :

 

Comment pourrions-nous être responsables de la planète sans être responsables de notre propre corps, de notre santé ?

 

Il faut savoir qu’alors le corps était perçu comme un ensemble de processus physico-chimiques ne pouvant être déchiffré que par des spécialistes ; sa reconnaissance se réduisait à des sensations extrêmes de plaisir et de douleur ; pour le reste, on se satisfaisait d’une relation de quasi-indifférence.

 

L’école reflétait cette idéologie ; on y apprenait beaucoup de choses mais certainement pas que nous avons un corps qui peut être ressenti, écouté.

Il y a une trentaine d’années, le sport basé sur la compétition … et le dopage, la performance occupait l’ensemble du champ  corporel. Des médias sous-informés conditionnaient le public dans la  totalité de leur comportement.

Dans ces conditions, on peut comprendre qu’aucune prévention authentique n’était possible. On appelait prévention le recours aux interventions pharmaceutiques, médicales. Par exemple, l’hiver, le froid, étaient vécus comme des ennemis et on incitait le plus grand nombre à consommer des vaccins anti-grippe.

 

Lorsqu’une personne ayant constaté quelques anomalies consultait, mais que les processus de diagnostic ne montraient rien, elle ressortait de l’examen en pensant que cela allait beaucoup mieux et avec de nombreuses raisons pour ne rien changer à ses habitudes.

 

Dans tous les cas, il fallut beaucoup de temps pour reconnaître que les technologies sophistiquées n’étaient valables que sur des pathologies installées ; en fin de compte, ce fut du temps perdu, de la  souffrance et de l’argent gaspillé.

 

Les commencements sont souvent mystérieux mais en une dizaine d’années, une conception différente de la prévention a fini par surgir, à savoir, la possibilité pour chacun d’un repérage précoce d’un trouble éventuel, la capacité de comprendre ce qui était ressenti et les moyens d’agir en amont.

 

Nous devons constater que tout aurait été plus lent si l’école n’avait pas favorisé l’éclosion des idées nouvelles. C’est sans doute là que le Raisonnement Analogique a commencé à faire ses preuves. Nous pouvons remercier ces enseignants auxquels par le passé on attribuait un certain immobilisme, d’avoir jeté les bases d’une véritable science de l’homme c'est-à-dire d’un enseignement enraciné dans une perception concrète de la vie, accessible à tous.

 

En fait, les mentalités avaient déjà beaucoup évolué, au niveau de l’éducation notamment. Pendant longtemps, les lois du pendule, les oscillations entre des comportements extrêmes avaient dominé les rapports parents/enfants ; on passait d’une éducation autoritaire à un libéralisme excessif. Nous dirions aujourd’hui, en utilisant l’analogie du métier à tisser, que les comportements parentaux passaient d’un fil de chaîne trop rigide à un fil de trame trop détendu.

Dans les années 2010, la bonne éducation, pour un très grand nombre, pouvait être comparée à un beau tissu où la maille n’est ni trop serrée ni trop lâche. Les mêmes principes furent appliqués avec succès à la résolution des problèmes des banlieues. Dans le même temps, on réalisait que les deux montagnes les plus difficiles à gravir n’étaient pas la réussite professionnelle et financière mais la réussite dans sa vie familiale.

 

Simultanément, les programmes scolaires intégrèrent des nouvelles attitudes pédagogiques :

 

-          une compréhension du corps en relation avec l’environnement. Il ne fut pas difficile de faire comprendre aux enfants, comment l’eau, par exemple, observée à l’extérieur, richesse de la vie, peut s’avérer néfaste en cas de situation d’excès, de stagnation. Sous une autre forme, à l’intérieur du corps, l’humidité dans les mêmes conditions,  pouvait entraver la bonne circulation des énergies internes.

 

La chaleur, la sécheresse furent traitées dans le même sens et quelques signes simples, à la portée de tous, permettaient de constater les difficultés d’un organe.

 

Toute aussi importante fut l’acquisition de moyens simples, pour soutenir un organe perturbé, pour expulser l’humidité ou un froid excessif. Ce fut la fin des vaccins anti-grippe !

 

-          les saisons. Ce point fut capital ; il s’agissait d’apprendre dès l’école à se conformer, à suivre le mouvement saisonnier : des désirs, des envies de vie du printemps à la fructification de l’été, de la maturation et des récoltes d’automne à l’attente de l’hiver.

 

Par analogie toujours, le respect des saisons permit une organisation différente de la journée : un matin-printemps où la fraîcheur mentale acquise dans la nuit se devait d’être préservée et une soirée-automne pour se laver la tête comme nous avions appris dans le passé à se laver la peau ; des méthodes simples furent enseignées pour effacer les traces de ce qui, dans une journée, ne mérite pas d’être gravé dans le marbre. C’était un temps de grand encombrement mental.

La plupart des hommes de cette époque comptaient le temps avant de le vivre ; des radios, toutes les 10 minutes, ressassaient les malheurs du monde. Ils ne furent pas loin d’inventer l’heure de 30 minutes !

 

L’utilisation de l’analogie eut une autre conséquence :

 

La reconnaissance de ce grand mouvement qui nous traverse, parce que nous lui appartenons, permit de résoudre la question de l’information sexuelle. Et là, nous revenons de loin. Nous sommes passés de la petite graine, des choux et des roses à l’étude physico-chimique des gamètes ; nous sommes passés du silence parental et scolaire à une dispersion lientérique des discours et représentations sexuels. C’est ainsi qu’à la télévision , des messages publicitaires faisaient cohabiter des informations sur les serviettes hygiéniques, des médicaments (oui, oui) pour la ménopause, l’impuissance masculine et les fuites urinaires féminines avec des informations sur… des yaourts miraculeux.

 

L’écologie fut décisive ici, l’orgasme humain n’était plus qu’un cas particulier de la sexualité universelle : ce sont les échanges liquides entre le ciel et la terre ; nuage et pluie. L’observation de l’eau qui s’évapore se dilate comme le désir féminin jusqu’à une contraction ultime. L’eau du ciel se contracte à son tour jusqu’à la dilatation semblable à la pluie et à l’orgasme masculin.

 

C’est déjà la compréhension du battement de la vie, contraction-dilatation, inscrite aussi dans notre cœur et notre souffle et sans doute aussi… dans les choux, les roses et les gamètes !

 

Et les anciens ?

Dés la fin du 20ème siècle, on constate que les hommes, de plus en plus nombreux, vivaient de plus en plus vieux mais dans un état de santé de plus en plus déplorable. La vie se terminait à l’hôpital ou dans des structures pléthoriques de retraite. L’application des principes de l’écologie permit la création de ce que l’on appelle aujourd’hui « les maisons-étoile ».

L’idée était simple, fallait-il encore la transformer en vie.

Au départ, ce sont des initiatives privées qui furent à l’origine de regroupement de micro-familles recomposées. Il faut reconnaître que le talent des architectes qui conçurent des structures avec, au centre, une « Maison de Vie » commune et des ailes privées, cerclées de jardins.

 

Oui, les hommes finissent toujours par résoudre les problèmes qu’ils rencontrent. Notre vie d’aujourd’hui a été une véritable renaissance pour ne pas dire une véritable métamorphose.

Si vous avez la curiosité de revoir les documents de l’époque, vous serez sans doute étonnés par l’un d’entre eux : lors d’une émission présidentielle, un partisan de l’écologie avait demandé au candidat susceptible d’être élu « de ne pas traiter l’écologie comme un compartiment de plus ».

 

C’est très justement ce qui a été fait ; nous avons agi et par notre action, nous avons sauvé l’univers.

 

 

 

Le 13 Novembre 2042

 

Les philosophes de l’abricotier